Un « congé menstruel » expérimenté à Montpellier

Depuis le début de l’année, les salariées d’une Scop, La Collective (Montpellier) ont la possibilité de poser un jour de congé rémunéré par mois en cas de « règles douloureuses ».

C’est une première en France : et l’initiative ne provient pas d’une entreprise du secteur traditionnel. C’est une Scop (une société coopérative), spécialisée dans la collecte de dons auprès d’ONG qui expérimente ce dispositif depuis le début de l’année au profit des 17 femmes qu’elle emploie à Montpellier. Une petite dizaine d’entre –elles l’auraient déjà utilisé : il s’agit d’un « congé menstruel », soit un jour d’arrêt de travail rémunéré qui leur est accordé pour faire face aux maux physiques provoqués par des règles douloureuses.

Avec ce nouveau droit, non encore reconnu par la législation française, La Collective prétend ainsi faire avancer à sa manière « la question de l’égalité homme-femme » dans le cadre de l’activité professionnelle. Et répondre, semble-t-il, à une vraie demande sociale : en 2021, un sondage Ifop avait révélé que 68 % des travailleuses étaient favorables à l’instauration de cette mesure (78 % dans la tranche d’âge des plus jeune, celle des 15-19 ans). La question du congé menstruel, finalement assez peu abordée en France (qui lui préfère un alignement entre congé maternité et congé paternité), avait fait l’objet de discussions en Italie il y a quatre ans : un projet de loi déposé en ce sens au Parlement, avait donné lieu à un débat, finalement infructueux puisque le texte n’avait pas été adopté.

En Asie par contre, de nombreux pays ont reconnu ce principe (Corée du Sud, Taïwan, Indonésie. Au Japon, il existe même depuis 1947, bien que peu d’actives y aient recours.

A La Collective, l’entrée en vigueur de ce nouveau congé a été validée à la suite de l’assemblée générale de la structure, en décembre. Le système a été mis en place dans la foulée à titre encore expérimental (pour une durée d’un an). Comment fonctionne-t-il concrètement ? Chaque mois, les femmes concernées ont la possibilité de faire une demande par simple mail à leur direction et de s’absenter le jour même. Il s’agit bien d’un congé, non d’un arrêt de travail pour « maladie » : le salaire est donc intégralement versé par la Scop aux bénéficiaires, comme pour un congé classique.

Dans cette structure, ce nouveau droit semblait d’autant plus pertinent que la nature de l’activité professionnelle exercée par ses personnels est incompatible avec le télétravail : les membres de La Collective vont en effet à la rencontre des passants dans la rue pour solliciter des dons, ce qui les conduit souvent à rester debout pendant plusieurs heures. Des conditions difficiles pour des femmes qui ont à supporter une phase de menstruation douloureuse.

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Journaliste de formation, j'occupe actuellement la fonction de rédacteur au sein du réseau des sites Internet de services aux entreprises du groupe Libbre. Je peux justifier d'une expérience de six ans dans la presse quotidienne angevine au sein de trois quotidiens : la Nouvelle République, Ouest-France puis le journal majoritaire en Maine-et-Loire : le Courrier de l'Ouest (2007-2009).

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